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Pourquoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau?

11 mai 2013

Conditions d'utilisation (article fixe)

Bonjour à toutes et tous, Chacun des textes publiés sur ce blog est utilisable et partageable, par toutes et tous. Cependant, il y a certaines petites règles à suivre pour rester dans le respect de mon travail : 1 - Pas de modification de ces textes,...
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8 mai 2016

1. Je suis papa 2. Je suis dépressif*

1. Je suis papa

2. Je suis dépressif*

*Sans lien de cause à effet.

 

Il y a deux sujets qui me tiennent à coeur en ce moment, et ces deux sujets s'annulent, s'autodétruisent. Si je parle de l'un, l'autre en face n'a pas sa place, et inversement. Parce qu'être papa, c'est la chose la plus merveilleuse qui soit et qu'être dépressif, ça n'entre pas dans la composition de la poche "Bonheur" que l'on m'a transfusé à la naissance de ma fille. Pour autant, ce sont les deux choses qui m'animent depuis peu et comme un tiraillement constant, une perturbation de l'âme qui oscille entre tempête et mer d'huile (la dépression, c'est la mer d'huile), je passe du bon père/mari au parfait connard centré sur lui-même, parfois en deux secondes.

Etre père a, sans nul doute, tout bousculé : de mon quotidien à la perception du monde qui m'entoure ; du regard que je pose sur l'autre à celui posé sur moi. Rien ne sera plus comme avant parce que de mes actes et de mes choix dépendent le bonheur et la bonne santé d'un petit être humain ; rien ne sera plus comme avant, et ce n'est pas vraiment grave : je m'y fais bien, je l'accepte sereinement, aussi surprenant que cela soit.

Pour autant, je crois que je n'ai jamais été aussi mal. Voilà des années que cela ne va pas : le moral en dents de scie, les sautes d'humeur ponctuelles et d'intensité variable. Cependant et depuis quelques temps, certains jours sont plus difficiles que d'autres ; certains jours, on ne veut rien d'autre que son lit, sa couette, rester seul à se morfondre et à se confondre avec le temps et l'espace, on veut que rien ne bouge plus et reste figé ainsi indéfiniment. D'autres jours je tiens le coup, mais un petit grain de sable dans les rouages de ma journée va bloquer tout mon système et me mettre en boucle jusqu'au soir. Et quand je suis seul pour plusieurs jours chez moi, cet état est quasi permanent, avec des pics d'angoisse au moment du coucher qui me font veiller jusque tard le soir : je n'irai pas dormir, je ne finirai pas cette journée, je veux encore croire que je peux faire quelque chose de productif de cette journée.

 

Il n'y a pas des jours où cela va et d'autres non : ça ne va jamais, je ne vais jamais bien. Simplement, parfois, c'est plus facile à ignorer, pour X raison.

 

J'ai, à chaque seconde, la conviction intime qu'un gouffre vertigineux s'ouvre sous mes pas, prêt à m'avaler et me faire disparaître à jamais dans l'obscurité. J'ai peur chaque matin que ce jour n'en soit pas un bon, et que celui-ci dure des semaines, des mois, des années sans que je ne m'en aperçoive. Je ne veux pas dormir cent ans en attendant le baiser de mon prince charmant. Je me sens mal, sale, vide, inerte, impuissant, sombre, incapable, atomisé, paralysé.

Chaque choix que je fais - qu'il s'agisse de trancher entre un yaourt à la framboise ou à la pomme, comme de statuer sur mon avenir professionnel - me met face à une colonne d'eau, un tsunami gigantesque sorti de nulle part, si haut qu'il cache la lumière du soleil, si haut qu'il va s'abattre sur moi à l'instant même où je le vois (non je ne vous raconte pas mes rêves, qu'est-ce que vous croyez ?). Je me bats et je lutte ainsi quotidiennement et en boucle pour : me lever du lit / me lever du canapé / ramasser ces fringues qui traînent par terre depuis déjà deux semaines et qui s'accumulent / faire à manger / faire la vaisselle / nettoyer / m'occuper de mes impôts / faire les démarches de nouveau parent / prendre des RDV médicaux / écrire / savoir ce que je vais faire de ma vie / me laver. Attention, cette liste, bien que déjà trop longue, est loin d'être exhaustive. Chaque mouvement est un combat.

Au quotidien on ne dirait pas vraiment, parce que je continue à avancer. J'ai un travail, je vois des gens dans le cadre de ce travail, je discute, je ris, je fais celui qui s'active. Quand on m'invite quelque part je viens ; je ne suis pas toujours de très bonne compagnie, mais je suis là. Pourtant si on regarde bien : j'arrive systématiquement en retard le matin, souvent je fais la gueule - je dis que je suis fatigué, mais non c'est juste qu'un truc ne s'est pas passé comme je le souhaitais et du coup rien ne va plus mon monde s'écroule plus rien ne va holala holala holala - dès que je le peux je m'assois et ne fais rien, regarde le temps passer et le vide s'installer, je n'arrive pas à respecter mes temps de pause, je ne veux que rentrer / me coucher / dormir. Je fais des blagues aussi. J'ai des absences, je ne fais plus attention. Je mange, beaucoup, n'importe quoi et n'importe quand. Je ne me fixe aucune limitation dans mes comportements, je me vois incapable de m'imposer règles ou contraintes. Je crois que j'échoue à chaque minute à l'examen pour devenir un adulte.

Je n'appelle plus personne, la simple idée de sortir un téléphone, de prendre des nouvelles, m'effraye. Je ne sors plus, ne vois plus personne, ne cherche pas à savoir qui va comment ; ne cherche pas à organiser des événements, à faire des choses nouvelles, à émerveiller les gens que j'aime et qui m'entourent par des surprises et des preuves d'affection. Je me centre sur moi et mes névroses, sinon je craque, sinon j'explose.

Je n'écris plus depuis des semaines, des mois. Je n'y arrive plus. J'ai abandonné l'idée d'écrire, déclaré forfait, du moins pour un temps. Parce que je n'avais plus de rêves, d'ambition, de désirs, de motivation en lien avec l'écriture, j'ai décidé de tout arrêter avant le burn out et le dégoût total. Ca m'en coûte : parfois j'ai envie, le balbutiement des mots au bout des doigts, mais c'est important de laisser les choses décanter pour enfin voir ce qui retombe et pouvoir délimiter les couches successives.

 

Alors oui, je suis parent. Je suis parent, cela me rend heureux, cela vient raisonner en moi - il y avait définitivement un succès caché "parent" dans mes achievements et que j'ai débloqué - cela me permet de voir la vie sous un autre angle, de mettre de l'ordre dans mes priorités. MAIS... Mais, je n'ai jamais été aussi mal. Et peut-être que c'est le fait d'être devenu parent, ou peut-être est-ce d'avoir enfin touché le fond, mais toujours est-il que j'ai pris une décision. Cela m'aura pris des années, mais j'ai enfin décidé de consulter et d'aller au bout du processus. Cette latence dans le choix, dans la prise risque, m'aura tant coûté... mon couple a énormément souffert de la situation. Mais aujourd'hui je me sens prêt à me sortir de la mélasse. Le RDV est déjà pris, et si la thérapeute ne me convient pas je ne m'en saisirai pas comme un prétexte à mon inertie, je reprendrai RDV avec quelqu'un d'autre, jusqu'à ce que ça matche. Je dois me sortir de tout cela. Preuve en est que les choses changent enfin : j'en parle ici et là de manière publique, de plus en plus souvent et de la façon la plus ouverte possible. De cette manière je n'ai plus d'autre choix que d'aller au bout de ma démarche. Advienne que pourra, je n'ai de toutes manières plus rien à perdre.

 

"Ghost days leave me alone, you're not part of the medicine plan.
They said it's hard to explain and it's harder to understand
I said what ever happens then : I was asleep"

 

March Hare

PS : Je n'ai besoin, ni de plus d'amour, ni de plus d'attention, ni de plus de sollicitation (surtout pas, qu'on me laisse tranquille) : je n'ai besoin que d'un psy, et de temps. Merci. Ce message concerne la terre entière, à l’exception de ma femme.

 

5 avril 2016

La Taille de mon âme

Daniel Darc, 'La Taille de mon Âme'

 

J'ai réécouté ce morceau il y a peu, en rentrant de l'hôpital où ma femme séjourne en ce moment pour surveiller une fin de grossesse compliquée. J'avais donc cela en tête (la parentalité) et j'ai plongé dans ces mots comme dans un monde nouveau fait d'autres couleurs. Pour la première fois, j'ai pu entrevoir cette composition musicale dans toute sa globalité et j'ai enfin compris pourquoi elle s'était, dès la première écoute, dès les premiers vers, arrimée à moi comme un bateau au port.

Avant ce soir-là, je m'étais patiemment représenté la chanson en antagonismes :

- le mortel / le sacré

- le sombre / le lumineux

- le truculent / l'inspiré

- l'éphémère / le rituel...

... et d'autres encore. Je pensais voir, dans la convocation de ces images, toute l'ambivalence du personnage Darc, toute sa poésie mais aussi son espièglerie. Puis, à la lumière de mon futur rôle de parent, je me suis imaginé prononcer ces vers à ma fille, et cela a fonctionné à la perfection. J'ai ainsi pu comprendre toute l'étendue des thématiques abordées par Daniel Darc dans cette chanson c'est vertigineux !

 

L'enfant

Prenons un instant le ton de l'enfant qui se raconte à un-e ami-e - non qui se la raconte, mais bien qui se raconte : qui tente avec ses mots à lui de dire ce qu'il est, ce qui le fait se mouvoir dans ce monde qu'il ne connaît que trop, mais dont il ignore encore tout - ou à celui ou celle qu'il aimerait impressionner de sa passion, comme pour rendre compte de sa fougue amoureuse. Cet enfant dirait à l'autre, en substance : "Moi, si j'veux, j'peux monter aux arbres, et déjouer des pièges, et partir à l'aventure, et tuer des monstres pour sauver le monde, et même que ... ". C'est selon moi cela l'essence de ce texte, lorsqu'il est vu par le prisme de l'enfance. Le garnement ou la garnemente garde bien sûr le meilleur, le plus mystérieux pour la fin : "et encore je ne te dis pas tout, car je peux encore bien mieux que tout cela : si tu savais ! ".

Et puis, il y a toutes ces parties du corps que la chanson évoque et qui sont autant d'histoires sur lesquelles peut partir une imagination d'enfant : " et de mes mains sortent des lasers pendant que mes pieds s'agrandissent pour être aussi longs que le sol ! Et mes fesses, elles sont explosives ! ". Enfin, toujours : "et encore, si tu savais, j'cache encore plein de choses".

Le ton de l'enfance est celui de la défiance, de la conquête, de la soif de se révéler à l'autre et, par ce biais, au monde.

 

L'amant-e

Nous sommes bien plus tard, l'enfant a grandi et a déjà exploré bien des îles, asséché bien des filons d'or. C'est à présent mis face à ses premières désillusions qu'il se présente à l'autre, et tous deux sont mis à nu par les mots. On imagine la main parcourir le corps de l'autre et la voix énumérer les différents éléments croisés sur la route : " le pied, la jambe ; la cuisse, l'entrejambe, le ventre ; le torse. Le cou. etc... ". C'est aussi l'homme ou la femme qui, nu-e, se présente à l'autre comme l'être qu'il ou elle est. L'homme, la femme, prend la main de l'autre, et refait le parcours de son corps : " le pied, la jambe, etc... ". Le "rien", c'est la promesse qu'il n'y aura que cela à capturer, ici-même et dans ce temps donné. C'est la promesse et la mise en garde : " fais gaffe, ce que je cache derrière cela ne te regarde pas ". Mais comme par jeu, pour attiser la braise de la séduction : " et pourtant, si tu savais derrière, la taille de mon âme ". C'est la même espièglerie de l'enfance, muée en jeux amoureux.

On peut néanmoins sentir un poids certain peser dans ces vers, vers qui assignent à l'amant-e une sorte de fardeau de la solitude. " Ce qui se cache là-bas, dans mon jardin enfoui, ne te sera jamais promis-e ; mais si seulement tu pouvais y avoir accès, alors tu saurais, nous serions en paix avec cela ".

 

Le parent

L'amant-e s'est posé-e, a trouvé la stabilité d'une manière ou d'une autre, et arrive au moment de sa vie où il ou elle devient parent. D'un coup s'impose à lui ou elle cette notion étrange de transmission, comme si pour la première fois le temps était compté, comme s'il fallait livrer à sa progéniture la substantive moëlle de qui l'on est. Alors le parent témoigne de ce qu'il sait et ce parce qu'il est en avance sur son enfant. Le " si tu savais " devient un " tu verras quand tu seras grand " ; le" rien " vient nuancer le propos : " si tu savais... mais n'en tiens pas compte, suis ton propre chemin, c'est tout aussi bien ".

Cette chanson évoque aussi, selon moi, la parentalité par cet aspect de discussion qu'induit le " tu ". Ce tutoiement peut s'adresser tout autant à soi qu'à l'autre, mais dans le cadre du parent qui s'adresse à son enfant, les choses s'emboitent parfaitement et ces vers deviennent un moment privilégié entre un parent et son enfant, des sortes de présentations en bonne et due forme. On trouve aussi l'idée que l'enfant peut se faire une image fausse de son parent - de par l'apparence physique de ce dernier - et qu'en fait il n'en est rien, parce que l'enfant ne peut pas encore savoir " la taille de son âme ". On a presque un aveu : " si tu savais, avant toi j'ai fait tellement de choses, je n'en suis pas fier. Mais si seulement tu pouvais me voir tel que je suis vraiment, voir la taille de mon âme ".

L'évocation des différentes parties du corps renvoie également à ce petit jeu auquel jouent les parents avec leurs enfants : " et là c'est ton petit nez, et là c'est ton petit pied, et là... ". Le parent apprend à l'enfant à faire connaissance avec son propre corps.

 

Le mourant

Le parent est arrivé au bout de sa mission de formation, de transmission, et sa vie décline petit à petit, inexorablement. Survient alors la question de l'après qui, si elle fut auparavant envisagée avec humour et distance, devient tout à coup fort concrète. Et après, que m'arrive-t-il ? L'être humain, à l'âge d'établir un réel bilan de sa vie, se parle comme à lui-même, comme pour se convaincre : " ce qui me constitue n'a guère d'importance : c'est du matériel, de l'organique, du dégradable ; c'est du rien. Ne reste, une fois les couches successives de l'être enlevées, que le moi constitutif de mon existence, le moi à l'intérieur, celui ou celle dont je ne sais finalement rien et que je m'apprête peut-être à incarner ".

Ce bilan peut aussi être autre. La personne peut aussi, en se remémorant les parties de son corps comme des morceaux de sa vie, choisir de les éliminer, petit à petit, faisant ainsi le tri de ce qui ne compte plus face à la mort, pour ne garder que l'essentiel, à savoir l'âme. Dans le cas d'une personne croyante comme ce fut le cas pour Daniel Darc, il est extrêmement sensé d'en arriver à un détachement de ce qui relève du corprorel pour, au moment du grand final, n'être plus vêtu que de son âme, et n'avoir à présenter à Dieu que ce qui constitue l'essence-même de l'être, à savoir l'âme.

Enfin, ces mots comme bilan peuvent aussi être l'occasion de donner un sens à une existence entière. Encore une fois, les parties du corps sont comme des épaves immergées que l'on fait remonter à la surface : la personne les admire une dernière fois avant de lâcher prise et de confirmer : " ce n'est rien, ça n'a pas d'importance ". En procédant par élimination, la personne finit par avoir écarté tout ce qui constitue sa vie et par trouver ce qu'elle ne pouvait trouver lorsque tout le reste lui encombrait l'esprit : " la taille de son âme ".

 

Cette chanson m'a réellement séduit, par bien des aspects, et je crois avoir perçu dès la première écoute l'existence de ces différentes strates de lecture sans arriver pourtant à mettre le doigt sur l'essentiel. J'ai tout de suite senti une apparente facilité, une apparente légèreté : cette petite valse mélancolique et ce refrain chantant qui te trottent dans la tête à en devenir marteau sont les parties visibles de l'iceberg, mais elles deviennent aisément métonymie (la partie pour le tout), et pour longtemps. Chaque écoute permet au final d'ajouter un " rien " à la liste, jusqu'à enfin parvenir à ce qu'entend Darc lorsqu'il évoque la " taille de son âme ". C'est si profond parce que si simple, si mystérieux parce que trivial, si mélancolique parce qu'enthousiaste. On en revient aux images constradictoires, mais la route empruntée n'est pas la même et ça change absolument tout.

 

March Hare

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16 février 2016

Quelques nouvelles...

Yo yo !

 

Bon... ça me fait tout drôle de revenir par ici. Il était tout de même temps de faire une petite mise au point, parce que j'ai bien conscience de laisser ce blog à l'abandon. J'ai passé quelques semaines compliquées en terme d'écriture ces derniers temps, à ne RIEN écrire du tout, zéro, nada, que dalle. D'où mon "bloqué".

 

Pour autant, j'ai réussi à reprendre le chemin de l'écriture sous d'autres pratiques, d'autres formes et sur d'autres supports. Il se trouve que je vais être parent d'ici quelques mois, et je voulais créer un blog qui soit spécifique à cette drôle d'aventure. Au final, lorsque j'écris, ce n'est plus ici mais là-bas. Alors voilà, je vous donne l'adresse de ce blog de parent sur lequel je suis d'ailleurs en train de réaliser une série de 10 textes (10 nouvelles / fictions courtes) :

http://wonderbandersnatch.tumblr.com/

Vous verrez, il y a pas mal de réflexions sur la parentalité, mais aussi quelques bêtises. J'ai plaisir à retrouver une écriture décontractée, libérée de toute pression de "bien faire", comme c'était le cas il y a fooooort longtemps sur mes skyblogs d'adolescent. Vous y verrez aussi photos et GIFs ! (choses que je ne poste pas ici, à quelques exceptions près).

Je ne ferme pas ce blog pour autant, j'y reviendrai probablement un jour, soit pour des articles de fond (type celui-ci) soit pour des nouvelles ou textes un peu plus longs et travaillés.

Parallèlement à ce nouveau blog, j'essaye tant bien que mal d'avancer sur mon roman. En ce moment c'est impossible, je n'y arrive pas, c'est l'impasse. Mais j'ai des solutions ! Il faut simplement que je les active. J'attends principalement de régler 1 ou 2 autres projets, notamment la rédaction de trois scénarios pour trois vidéos / court-métrages que j'espère tourner (ne nous emballons pas, restond calme !)

Donc mine de rien je bosse ! Mais je me disperse, comme d'hab.

 

Ah oui ! J'ai encore jamais fait ça, mais je vais profiter de cet article pour me vendre un peu.

Si quelqu'un passant par ici bosse dans le milieu de l'écriture, d'une manière ou d'une autre, je suis à la recherche de boulot. Qu'on ne se méprenne pas : je taffe déjà 35h par semaine dans un hypermarché pour vivre. Ce que je cherche, c'est donc des missions, des commandes, des articles pour des magazines ou journeaux web, des petites bricoles par-ci par-là en complément de mon "full-time job" (dans une premier temps). Je suis prêt à lâcher une grosse part de mes projets persos pour cela, j'ai une réelle envie de réfléchir à une transition prochaine : pourquoi ne pas joindre l'utile à l'agréable, et faire que mon taff alimentaire devienne ce que j'aime faire. Merci à celles et ceux qui y penseront, en tout cas !

Et... je le redis : je bosse dans un hypermarché. Partant de là, les notions de "basse besogne" et de "job alimentaire" me sont relatives. Ecrire, peu importe quoi, peu importe sous quelle forme, sera toujours cent fois mieux que mon activité professionnelle actuelle, no worries !

 

March Hare

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21 décembre 2015

Bloqué

Hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin ! J'ai tendance à bloquer, j'ai tendance à bloquer hin !

 



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11 novembre 2015

Paroles de détenus #2

- Rodriguez -

"Vous voulez savoir c'qui s'est passé, hein ? J'vous dirai rien. T'façon j'ai rien à dire. Ca fait sept ans qu'j'suis là, en sept ans on apprend bien fermer sa grande gueule : c'est c'que j'ai appris d'plus intelligent ici. Et puis c'est pas avec les dents que t'laissent les matons quand ils cognent qu'on va causer ; ces chiens ! pires que les pires d'entre nous ceux-là.

Tu notes quoi là ? D'ailleurs c'est pour quoi tes p'tits entretiens ? C'est comme ça qu'tu bandes hein ? Vas-y, je juge pas. En tout cas t'auras rien, à part si t'es prêt à y mettre le prix. Ici c'est comme ailleurs : 'faut faire du biff. "Ca t'intéresse pas ?", eh bah ta mère alors !"

 

March Hare

 

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7 novembre 2015

Depuis sa fenêtre - #2

Vendredi 20 mars

 

Il avait cherché, ces quatre derniers jours, à mettre un visage et un corps sur cette apparition fugace, à lui donner forme et vie dans son esprit, mais le lundi les volets furent fermés et ils l'étaient encore ce matin lorsque notre jeune postier s'arrêta, fébrile, devant le numéro 33 pour repartir le coeur lourd sur son vélo.

Sa journée et sa semaine terminées, notre homme rentre chez lui le corps douloureux et l'esprit volatile. Il s'imagine des aventures extraordinaires sur le chemin du retour, rêvant que sa belle lui ouvre les portes de sa sympathie et l'invite à boire un café entre deux tournées. Il arrive ainsi chez lui sans même y penser et se retrouve nez à nez avec sa porte, sort ses clefs maladroitement. En s'asseyant dans son fauteuil, il prend le temps de faire le point et réalise que sa pensée entière s'est tournée vers cette inconnue à la fenêtre, comme un trou noir qui aspire le vide. Son chat vient d'un bond s'installer sur ses genoux et ronronne comme pour venir souligner l'absurdité de cette obsession. L'homme, en plein milieu de son salon, se sent ridicule à se projeter autant. C'est tout lui : se faire des films avant que les choses ne se produisent, pour finalement être déçu lorsque la réalité ne correspond pas à ce qu'il avait en tête. Lundi, il enfourchera son vélo et passera devant le 33 de la rue Albert Camus comme devant toutes les autres maisons du quartier.

 

March Hare

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3 novembre 2015

Depuis sa fenêtre - #1

Lundi 16 mars 20..

 

C'est son premier jour : il est facteur. Le parcours est nettement tracé, sans aucun accroc possible. Pour autant, c'est bien en homme libre qu'il déambule dans ces rues qu'il ne connaît pas encore. Bientôt, il arpentera la ville à bord de son vélo jaune, saluant d'une main Mme Martin, distribuant de l'autre son courrier à la famille Ronzo ; bientôt, la moindre aspérité de terrain sera connue de lui : ce qui le faisait chuter avant lui fournira la possibilité de quelques tricks de facteur – entendez par là des virages un peu secs, des rebonds cadencés. Ce nouveau poste est pour lui une aventure folle, une quête solitaire, un roman d'apprentissage. Il hésite encore un instant avant de mettre chaque lettre dans sa boîte : « et si je me trompais ? », pense-t-il à chaque fois.

 

L'homme est appliqué, il pédale fort pour compenser la lenteur de son amateurisme. C'est donc en coup de vent qu'il passe devant le numéro 33 de la rue Albert Camus, oubliant presque de descendre de son bolide pour faire son travail. En se remettant en scelle, il a un regard léger vers la vitre ouverte donnant sur l'extérieur ; son cœur manque de s'arrêter tant la vision est belle. En un instant, le jeune facteur se voit conquis par un visage, une ombre, une force brute mais sage fumant sa cigarette à la fenêtre, dominant le paysage comme une lionne sur son rocher. Il voudrait en voir davantage mais n'en a pas le luxe ; impatient il se tourne à nouveau mais l'apparition s'est faite escamotage : seule, la fumée de cigarette tournoie encore dans les airs avant d'elle aussi s'évaporer. Pincement au cœur, coup de pédale malhabile : il la reverra demain, ou après-demain, ou le jour d'après.

 

March Hare

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1 novembre 2015

Paroles de détenus #1

« J'ai pas grand chose de plus à vous apprendre que c'que vous connaissez déjà en fait. On pourra dire c'qu'on voudra : que j'suis là-dedans depuis trop longtemps, que j'ai perdu la notion de réalité, que la société a évolué et m'a laissé d'côté. Tout ça, c'est sûrement vrai. Mais demandez à un type qui a perdu la vue d'vous parler du temps où il y voyait encore, et vous s'rez sur le cul d'apprendre que le type en question parle mieux d'votre foutue réalité qu'vous-même qui pensiez y voir très bien et très clair. Vous voyez c'que j'veux dire ? Le fait d'être enfermé, ça a pas restreint ma liberté, ça l'a décuplée. Vous, vous courez, mais moi j'vole.

Pour vous toucher deux mots de c'gars dont vous m'parlez là, moi je saurais pas vous dire grand chose. C'était un mec sérieux, on sentait qu'il fallait pas déconner avec lui. Il foutait pas la frousse comme les gros bras du bloc C ou les putain de dealers du bloc A, c'est juste qu'il avait l'air d'en avoir pris plein la tronche le gars. C'était dans ses yeux, dans son r'gard. Le type, il avait juste à vous r'garder pour vous tenir en respect. Vous savez ici on s'dit pas grand chose, surtout pas c'qu'on fout là. Mais y'a des mecs pour qui c'est marqué sur la tronche, des mecs qu'ont fait des trucs tellement affreux que ça brillerait presque en pleine nuit tellement ça s'voit. Celui-là, j'ai aucune idée de ce qu'il a fait pour se r'trouver avec nous, mais soyez sur que ça l'a démoli ; soyez sûr qu'il était pas le même avant de faire c'qu'il a fait. C'est tout ce que j'ai à dire à propos d'ce gars, on s'voyait jamais en fait : on traînait pas avec les mêmes types, il fumait pas, il était clean, et moi de toutes façons il me foutait les j'tons. Pour le reste – tout c'qui s'est passé, tout l'bordel – c'est pas moi qui vais pouvoir vous en apprendre de belles ; comme j'vous l'ai dit, ce type, j'le connaissais pas. Alors vous vous doutez bien que quand ça a éclaté j'étais même pas dans l'coin. Demandez à Rodriguez : après tout c'est lui qui a fini à l'infirmerie, il doit bien avoir quelques détails sur vos événements »

 

March Hare

 

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16 octobre 2015

Le Cognassier / Partie 11 (Fin) : "Elle roule sur le côté et éclate en sanglots"

11714433_701379399968650_1659027255_nL'image vient de ce site (avec un texte inséré par la Baba) : http://france.jeditoo.com/Paca/luberon/bonnieux.htm#la-louve

L'une des femmes du village s'affaire à ranger la devanture de sa boutique, lorsqu'elle voit passer ce véhicule qu'elle ne reconnaît pas. Elle hésite un instant, mais finit par se mettre en marche, l'esprit chamboulé par un affreux doute. Avec un rythme soutenu, elle parvient à maintenir sa cible à vue jusqu'à ce que celle-ci tourne dans une impasse. Affaiblie par sa course, la commère souffle un moment au coin de la rue, avant de partir à la chasse aux chimères. Elle sait que son comportement est absurde : il n'y a rien de sensé à laisser son commerce à la poursuite d'une simple crainte, principalement fondée sur une peur viscérale de l'étranger. Pour autant la femme avance, cherche du regard le tas de ferraille poussiéreux qu'elle vient de voir tourner. Ses doutes se changent en stupéfaction lorsqu'elle constate devant quelle propriété s'est garé le suspect. Elle connaît la rumeur comme toutes et tous ici : de sombres histoires ont eu lieu au sein de cette maison, des histoires que nul ne saurait révéler et qui font encore frémir le village entier. A l'époque cette antique famille, terrée dans le fin fond de cette rue, elle-même au fin fond de la commune, a vécu le pire et s'est vue rejetée par la communauté : « pas de ça chez nous ». Et si les locataires nouveaux semblent insensibles au malheur qui suinte de ces murs, le reste de la population ici n'est pas dupe : s'approcher de ce lieu n'est pas sain.

 

La femme reste un long moment yeux écarquillés et bouche ouverte, la main gauche sur la poitrine, la main droite appuyée contre un lampadaire, à la fois confortée dans ses préjugés et pétrifiée de se trouver face à cette bâtisse du malheur. Lentement, l'émotion finit par redescendre. La sage commerçante décide alors de revenir sur ses pas et d'alerter les instances du village lorsque, curieuse, elle ressent l'irrésistible envie de scruter l'intérieur de la voiture. Elle essuie du revers de sa manche la vitre crasseuse côté conducteur – non sans un air de dégoût absolu – et y appose ses deux mains en pare-soleil pour mieux nourrir son avide appétit de voyeuse compulsive. Son regard se fixe sur l'énorme tâche sombre recouvrant la banquette avant ; son cri, strident, fait aboyer tous les chiens du quartier alors que ses jambes partent d'elles-mêmes loin, le plus loin possible de tous ces signaux de danger. Elle a un dernier regard vers la voiture, imprime sans le vouloir la plaque d'immatriculation. Ses petits talons claquent sur le bitume et fendent de manière irrégulière les quelques silences laissés par les jappements.

 

Tom a déjà donné quelques coups de pelle bien avisés lorsqu'il entend hurler dans l'impasse. Ses mains se serrent alors autour du bois rugueux de son outil, sur lequel coulent de fines tracées sombres en provenance de la blessure. L'homme se met à creuser frénétiquement jusqu'à sentir le sol lui résister. Il se jette alors dans la tombe et lacère la terre de ses mains tel un forcené ; son teint est pâle, son corps entier semble soudain souffrir d'une fièvre brûlante. Tom chancelle puis se reprend, arrache de terre les lambeaux de son passé – véritables horreurs d'os et de tissus déchiquetés – pour les prendre avec lui sous sa veste, contre son cœur. Le long de ses joues coulent les larmes qui se mêlent au sang versé alors que, brisé, il rassemble ses dernières forces pour reboucher le trou et dire adieu. Le poids sous son vêtement et dans la pelle, Tom referme le portail derrière lui, s'arrête un instant et a, pour sa demeure d'antan, une pensée nostalgique qu'il ne comprend pas. Il revoit, au travers des barreaux, ce cognassier qui ne chantera plus, ce cognassier sur lequel pend encore la balançoire de son enfance, et au pied duquel la terre fraîchement retournée lui renvoie un haut-le-cœur qu'il peine à contenir. D'un violent coup de patte, il arrache un panneau « vendu » accroché à l'entrée de son chez-lui. Il titube, sent le monde autour de lui s'effondrer...

 

Un murmure... Une voix : « Tom... Tom... TOOOOM ! » L'évadé fait un bon dans sa voiture et son épaule lui envoie une décharge d'une intensité telle qu'il peine à rester alerte. Apeuré, il ne sait plus ce qui lui est arrivé, ne sait pas combien de temps il est resté là comme cela, perdu dans le néant. Tom n'a pas le temps de se calmer qu'il entend déjà au loin les sirènes de plusieurs voitures de police. Alors sans attendre, l'homme met le contact et sort de la rue en marche arrière, avant de partir en tête-à-queue dans un nuage de fumée. La route est face à lui, les ennuis lui courent après. Tom voit trouble mais appuie sur l'accélérateur, relève l'embrayage, part comme une balle sur la nationale. Il maintient le volant avec difficulté, manque de peu la sortie de route à chaque virage. Dans son rétroviseur, les gyrophares bleu et rouge gagnent du terrain. Tom a perdu trop de sang ; Tom va mourir. Il le sait, et sert d'autant plus fort le secret qu'il garde au creux de son vêtement. A mesure que les mètres sont avalés, le bolide s'élève sur les flancs d'une colline, jusqu'à en atteindre le point culminant. Alors, le temps s'arrête : de là où il se trouve, l'homme surplombe l'ensemble de la vallée ; sa tête se tourne et il aperçoit au loin un barrage de police, juste à la sortie du lacet ; son regard revient et se fixe sur le village en contrebas ; ses bras lâchent le volant et chutent pesamment ; ses yeux se ferment ; il sent contre son cœur le poids mort des années ; la voiture part ; le choc de l'acier sur le sol ; l'odeur de l'essence. Les restes fumants d'une carcasse d'acier, vide de tout occupant, vide de tout silence à briser.

 

En apprenant la cavale puis la mort de son frère par les informations, Adeline sent ses entrailles se tordre en une longue et douloureuse contraction. Allongée sur le sol de sa petite chambre, elle pose alors une main sur son ventre et, lentement, laisse un sourire crispé lui déformer le visage. Bientôt, la bouche se referme, et les lèvres se mettent à trembler ; bientôt, elle roule sur le côté et éclate en sanglots.

 

March Hare

 

Voilà, ainsi se termine ce beau projet coopératif. J'espère que cette nouvelle vous aura plu, on attend bien sur, la Baba et moi, vos retours nombreux et déchaînés ! Merci à vous, lectrices et lecteurs, de nous avoir suivis au fil de ce texte, et merci à toi Baba Yaga pour ce quatre mains qui nous aura donné du fil à retordre mais qui aura été une très belle aventure ! Pensez à aller faire un tour chez elle pour lire ou relire les débuts du "Cognassier" comme ses superbes textes : ça vaut vraiment le détour ! ;) C'est par ici :

http://isbaba.canalblog.com/

ou

http://babayaga.centerblog.net/

 

Quant à moi je pense à certains textes pour ce blog, peut-être aussi des projets fragmentés (publiés en plusieurs petits bouts). A bientôt, et faites tourner ce texte sur les réseaux sociaux et partout autour de vous ! Merci encore ;)

 

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Pourquoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau?
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