"Quel avenir pour l'homme blanc ?"

Quel avenir pour l'homme blanc ? Je viens d'écrire cette phrase, vue il y a quelques jours sur une affiche placardée en pleine rue, dans la gratuité la plus totale. Je la relis : "quel avenir pour l'homme blanc ?". Et j'ai beau retourner la chose dans tous les sens, cette phrase me révolte, parce que c'est du venin craché à la gueule des gens, et parce que c'est le non-sens même. Cette idée d'homme blanc à elle seule n'a aucune résonnance, aucune profondeur, aucun écho dans la réalité qui est la mienne et que je crois (que j'espère) partager avec le plus grand nombre.

Ca me fait me demander comment une telle absurdité a pu naître dans l'Histoire. Comment toute une frange de la population mondiale a-t-elle pu ne pas voir, des siècles durant, l'humanité de l'autre, de qui lui était étranger et se trouvait être son frère ? Comment ne pas reconnaître son frère et l'aimer pour ce qu'il est ? Il me semble que l'européen n'a jamais eu aucune excuse à considérer l'autre comme un animal, parce que l'humanité, il l'a toujours eue face à lui. Il a simplement décidé de l'ignorer pour des raisons qui ne seront jamais valables.

En tous les cas, il est une chose des plus certaines aujourd'hui, c'est que l'homme et la femme sont des êtres humains et ce indépendamment de toute couleur de peau. La théorie raciale a été démontée et l'espèce humaine ne compte aucune race. Et à la lecture de cette horreur de phrase, je plonge dans un abîme de révolte et d'incompréhension. C'est frontal et viscéral, violent et presque incontrôlable : j'ai envie d'arracher les affiches et de partir en croisade contre la bêtise humaine. A réflexion, j'ai pris la décision d'écrire.

Quel avenir pour l'homme blanc ? A travers cette question, ce sont trois affirmations qui tentent de fracturer notre esprit : l'idée d'homme blanc est réelle et pourrait faire l'objet d'une définition complète, cet homme blanc a été une force influente sur le monde, et cette influence est menacée par une force émergente au point d'en faire disparaître l'homme blanc lui-même. Rien que d'en arriver là et de poser ça sur le clavier, j'en ai les poings qui se serrent.

Pour commencer et fixer les choses, cette idée d'homme blanc n'a aucune légitimité. L'homme blanc n'a pas d'Histoire, pas de passé, pas de valeurs : c'est un mythe, conçu par les personnes les plus haineuses de notre Histoire. On peut parler de passé français (qui d'ailleurs n'a rien de glorieux puisqu'on est dans le sujet...), éventuellement de passé européen ; on peut parler de valeurs républicaines, démocratiques et laïques. Mais il n'existe ni passé blanc, ni valeurs blanches. N'existent que des êtres humains aux couleurs de peau différentes, mais qui n'en restent pas moins des être humains. Très rapidement, les populations européennes ont d'ailleurs fait l'objet d'une mixité de plus en plus importante, qui n'a fait que servir leurs intérêts au fil des siècles et qui continue de le faire (non, l'esclavage et le colonialisme ne sont pas morts, ils revêtent simplement l'apparence de dépendances économiques et sociales). Doit-on rappeler qu'aux lendemains d'une France collaborationiste à genoux, ce sont les populations immigrées qui ont redressé nos bâtiments, nos institutions, et j'irais jusqu'à dire nos valeurs républicaines ? Evoquer le danger d'une disparition de l'homme blanc, c'est tellement cracher à la gueule de ces gens et du monde. Mais revenons-en à la question de départ, et oublions deux minutes que l'idée d'homme blanc ne fait aucun sens. Cet homme blanc, dont la place dans la société n'avait pourtant jamais été remise en cause (nous dit, en filigrane, cette question), se trouve aujourd'hui contesté dans sa légitimité et menacé puisque son avenir est remis en question. L'homme blanc se demande : quel avenir pour moi ? Et l'on sent derrière tout cela un relan de saloperies raciales et xénophobes, relayées par des médias peu scrupuleux et avides d'audience : l'homme blanc serait alors, et bien évidemment, menacé par le musulman qui tente de remplacer les Eglises par des mosquées et d'égorger ses animaux, par ces déviants sexuels que sont les homosxuels, par cette immigration permissive qui laisse entrer des terroristes sur le territoire, par une Europe qui tente de contrôler les actions et de s'approprier les richesses du pays, etc, etc, etc... bla, bla, bla... Normalement, j'en ai tellement mis que vous devriez trouver ça absurde. Pourtant, derrière cette interrogation sur l'avenir de l'homme blanc, on a à mon sens bel et bien tout cela, et plus encore. L'homme blanc comme modèle social, économique et politique, l'homme blanc comme pilier des civilisations, l'homme blanc comme prédicateur unique d'une religion et d'une foi uniques. Ca vous fait peur ces quelques absurdités ? Tant mieux, j'espère. Car bien évidemment, de la même manière que l'idée d'homme blanc n'a pas lieu d'être, ces craintes à l'égard de n'importe qui d'un tant soit peu étranger au concept d'homme blanc n'ont pas lieu d'être non plus. Poser la question de l'avenir de l'homme blanc c'est, encore une fois de la part de celles et ceux qui la posent, l'occasion de se positionner en tant que victimes. Vous savez, cette idée totalement stupide de racisme anti-blancs qui, là-encore, n'est que le résultat d'une peur infondée de l'étranger (spéciale dédicace à monsieur Copé que je ne salue pas !). L'homme blanc n'est pas menacé (comme l'ours polaire ? Ok, je sors) parce qu'il n'a pas d'existence en soi, pas de légitimité à être. Aujour'dhui, être français va bien au-delà, et fort heureusement, d'une couleur de peau.

C'est à peu près tout. Je dois reconnaître que c'est très virulent et que ça ne laisse que peu de place au dialogue. Cependant, je considère qu'on n'a plus le temps d'épiloguer sur des choses qui devraient être acquises. Le racisme, ça se condamne et ça se condamne avec fermeté, et je me sens d'autant plus légitime à rejeter ce racisme gratuit et public que la loi l'interdit. Pour autant, l'affiche est placardée dans une des rues les plus passantes de ma ville, et ce depuis plusieurs jours, sans qu'aucune intervention des autorités n'ait été observée. Qu'attendent-elles pour les retirer ? Je suis le premier à défendre la liberté d'expression et jusque dans ses plus grandes limites, mais ici les limites sont franchies en ce qu'il s'agit de propagande raciste (l'affiche invite à une réunion et un débat nationalistes...). Je considère qu'il est du devoir de chacun de s'insurger, à son niveau, contre ce genre de débordements. Mon niveau à moi c'est ce blog, je ne m'en prive pas.

March Hare

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