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Pourquoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau?
12 septembre 2013

De la peur de l'échec

Bonjour à toutes et tous,

Bon, en introduction, je vais faire rapide. Pour la suite, je ne promets rien ! Dimanche soir, les votes pour le concours E--crire aufeminin ont été clos, et voilà donc trois jours que je suis dans l'expectative et que je check mes mails 15 fois par jour (je me suis découvert compulsif). Les résultats sont tombés : je ne fais pas partie des 14 présélectionnés, j'ai perdu, j'ai échoué, enfin vous aurez compris l'idée. Vous trouverez ici le lien vers une seconde "nouvelle", Rosemary Rose, que j'ai soumise en tout anonymat, tout simplement parce qu'il ne s'agit pas vraiment d'une nouvelle mais d'un début de roman, la nouvelle étant un exercice littéraire précis et ce texte n'entrant pas dans le cadre de cet exercice. Maintenant qu'il n'y a plus d'enjeu, c'est plus simple de diffuser ce texte. A priori je ne comtpe pas le développer pour le moment, j'ai d'autres priorités. Je profite de ce billet pour, encore une fois, remercier toutes celles et ceux qui m'ont soutenu, il faut bien comprendre qu'il s'agit pour moi d'une victoire en soit.

 

J'ai décidé de faire un article qui traite de la peur de l'échec (j'imagine que vous ne faites absolument pas le lien avec ce concours, bien sur, cela va de soit), sans trop savoir comment le construire, sans trop savoir où aller. "Je ferais mieux de faire une thérapie plutôt que d'écrire sur un blog bonjour ? Ne quittez pas". S'il y en a que l'introspection des autres dérange, c'est le moment d'aller faire du squash.

Pour être plus sérieux, j'admets ressentir une peur constante de l'échec. Je vais tout de même vous épargner la séance de psychanalyse publique et éviter d'en chercher avec vous les raisons, faisons simplement ce constat : cette peur est là. Et autant vous dire que c'est plutôt emmerdant. Je vais évoquer certains de mes comportements, nous verrons ce que nous pourrons en déduire par la suite...

- On me dit, on me répète que je peux écrire des romans / Je n'écris que des formes courtes.

- J'aurais pu avoir une scolarité exemplaire et des résultats excellents / Je me suis toujours contenté du "un peu plus que la moyenne".

- J'ai un tas de projets en tête tels que : écrire nouvelles, romans, pièces de théâtre ou scenari, réaliser courts et longs métrages, monter mes propres pièces, Sallinger de Koltès et un tryptique antique constitué des Sept contre Thèbes d'Eschyle, d'Antigone de Sophocle et des Phéniciennes d'Euripide, construire et manipuler mes propres marionnettes dans des spectacles écrits et montés par mes soins pour de la marionnette, etc... / Je joue à la XBOX360 et je dors quand j'ai du temps libre.

On peut imputer à ces comportements une certaine flemme de ma part, certes, il est vrai, je l'admets et volontiers. Mais avec le temps j'ai appris à mettre le doigt sur tout autre chose, de bien plus profond. La flemme, je peux concrètement agir dessus. La peur de l'échec, elle me laisse K.O. sur le trottoir, les os en miettes. La peur de l'échec, elle prend le pas sur chacune de mes initiatives. Elle est ainsi la raison de et le prétexte à mon inactivité générale. Je suis paralysé.

Si jamais je me lance dans l'écriture d'un roman, ça implique une certaine dose d'investissement, notamment en terme de temps, d'énergie et d'espérances. Un roman ne s'écrit pas "comme ça" : c'est un travail de fond à mener sur plusieurs fronts à la fois, des années durant. Et si, une fois le point final porté sur le papier, le résultat déçoit et se trouve être une sombre merde, ou pire, une oeuvre moyenne et insipide, tout ce long processus de création (avec, donc, tout ce qu'il implique) aboutira peut-être à un uppercut en pleine gueule. Pour ce peut-être je fais le choix, sciemment ou non, de m'en tenir à de courts textes, publiés sur un blog peu visible et peu visité. Pas de risques pris, pas de chute douloureuse.

J'ai toujours eu des facilités à l'école. C'est ce qu'on me dit depuis que je suis petit et, par voie de conséquence, c'est ce que j'ai toujours cru. Alors quand les choses se sont mises à devenir sérieuses et à demander un peu plus que de se reposer sur ses acquis, la logique aurait voulu que je me mette un peu plus au travail, à fournir un peu plus d'efforts. Mais non. Plus ça a été compliqué, plus je me suis évertué à comprendre ce que les professeurs attendaient de leurs élèves et à agir en conséquence. Je me suis mis à rendre des devoirs types, pour chaque professeur. J'ai fait ce qu'on attendait de moi en fonction des personnalités de chacun et chacune. Tout, plutôt que d'éventuellement me rendre compte que je pourrais ne pas être en mesure de maîtriser un sujet à fond, d'aller au bout des choses, d'exceller par le travail. Tout, plutôt que de me rendre compte que je n'ai ni les aptitudes ni les compétences pour être au dessus de celles et de ceux qui sont au dessus de la moyenne. On m'a dit que je faisais de l'excellent travail, on m'a dit que j'étais un très bon étudiant, on a dit d'un de mes devoirs de première année de licence qu'il avait le potentiel d'un mémoire de Master. C'était de l'imposture : je n'ai jamais fait que m'adapter à un système pour valider mes UE, puis ma licence et continuer à avancer, toujours sans prendre de risques inutiles. Quelque part j'ai eu raison, je n'ai pas échoué : j'ai obtenu ma licence, ma 1ère année de Master. Quelque part, ce fut inutile : j'ai arrêté mon Master en plein milieu ; je n'ai pas réussi à supporter l'écriture de mon mémoire, en partie parce qu'il m'a confronté à la réalité de cette peur de l'échec.

En ce qui concerne les projets qui fourmillent dans ma tête, je crois qu'à présent il est inutile d'épiloguer. Chacun d'eux est une prise de risques. Si je ne m'y confronte pas je ne peux pas me rendre compte que ce n'est pas à ma portée, alors je reste là à attendre et à continuer de croire que je suis capable de faire tout cela.

 

"Je ne le fais pas, mais je suis certain que j'en suis capable", c'est tellement plus rassurant, mais c'est tellement annihilant. J'ai cette sensation de perdre mon temps à attendre, que je n'avais pas avant. Et je ressens cette autre peur qui semble être plus impitoyable encore, celle de partir sans laisser sa trace. Je passe devant un tas de librairies pour aller au travail, et c'est la rentrée littéraire. Et je passe plusieurs fois chaque matin devant ce livre de Jean d'Ormesson, un vieux monsieur qui a vécu et qui a écrit, beaucoup vécu et beaucoup écrit. Et pourtant, alors qu'il n'a raisonnablement pas à craindre l'oubli, alors qu'il a écrit, et écrit, et encore écrit, il publie ce nouveau livre : Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit. Maintenant, je suis pris dans un paradoxe, entre deux mouvements contraires : une peur déraisonnable et irraisonnée de l'échec qui me tire vers le neutre, et une peur irrésonnable de la mort qui me pousse vers le rush et la précipitation.

Je viens d'échouer à ce concours de nouvelles, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Plus je relisais ce texte, A Contretemps, plus j'y trouvais une image de moi que je trouve de plus en plus détestable : un texte plein de facilités, de raccourcis, de faux-semblants et d'artifices, cette fois grossièrement agencés, ne laissant aucun doute sur la supercherie générale de l'oeuvre et sur le manque évident de travail en amont et en aval de la création. Je suis dur avec moi-même, il faut comprendre, j'ai pris des risques avec ce concours et je viens d'échouer.

 

March Hare

Si vous voulez utiliser ce texte, veuillez s'il vous plaît consulter mes conditions d'utilisation.

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Commentaires
M
Merci maman c'est gentil. Même si les balbutiements de l'enfance ne sont rien en comparaison du gouffre qu'est la peur de l'échec, cela remet un peu les choses à leur place d'en revenir "aux sources".
T
mon cœur,<br /> <br /> combien de fois es-tu tombé avant d’acquérir une marche volontaire et assurée ? combien de temps as-tu attendu avant que tes balbutiements et tes mots mis à bout à bout ne forment une phrase ?<br /> <br /> je suis loin d'être de ton avis !! <br /> <br /> ne pas figurer parmi les 14 premiers sur autant de participants sur l'un des tout premier concours ne veut pas dire : "échec" !!<br /> <br /> c'est une énorme réussite !! tu l'as fait et des gens ont été heureux de lire cette nouvelle, moi la première !! tu as donné du bonheur à certains et c'est énormissime !!<br /> <br /> <br /> <br /> bien au contraire, moi je dis : quelle réussite que voilà !! c'est le début d'une grande histoire.....belle histoire qui ne fait que commencer !!<br /> <br /> <br /> <br /> mais bon ! pour la xbox, je vais pas te contredire !! lol<br /> <br /> <br /> <br /> signé une maman très fière de son petit qu'elle aime (mais je reste objective) !!!
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